Pour comprendre l’enjeu de ce débat, rappelons qu’il y a deux grandes catégories de placements possibles dans les contrats d’assurance vie : d’un côté le fonds en euros sans risque, correspondant à une partie de l’actif général de la compagnie d’assurance, de l’autre, les unités de compte (UC) dont la valeur peut varier à la hausse ou à la baisse. Le fonds en euros est apprécié pour ses trois qualités essentielles : sécurité (il ne peut pas baisser), rentabilité (même s’ils ont fortement diminué, les intérêts sont perçus année après année et produisent eux-mêmes des intérêts) et disponibilité (on peut récupérer son argent à tout moment sans restriction de liquidité).
De leur côté, les unités de compte recouvrent trois catégories distinctes de placements diversifiés : des fonds d’investissement (sans garantie du capital et généralement avec une dose plus ou moins importante d’actions cotées en Bourse), des fonds en immobilier (du type SCPI, sans garantie du capital et avec des frais d’entrée souvent élevés) et enfin des « produits structurés », c’est-à-dire le plus souvent des placements à formule laissant espérer la perspective d’un gain avec une protection partielle du capital sauf en cas de forte baisse.
30 % de versements en unités de compte
En pratique, les épargnants ont déjà largement diversifié leurs contrats d’assurance vie. Les Français placent une part croissante de leur épargne en assurance vie en unités de compte (UC). Sur 112,3 milliards d’euros de nouveaux versements en assurance vie l’an dernier, les souscripteurs ont ainsi placé 30 % sur des UC, et 70 % sur les fonds en euros sans risque. Le problème est que ces derniers, avec une rentabilité moyenne de 1,8 %, protègent de moins en moins le pouvoir d’achat face à l’inflation.
Au total, l’épargne placée en UC atteignait 362 milliards d’euros fin 2017 selon la Banque de France. En mettant tous les types de placements « en transparence », l’institution estime que ces sommes sont composées pour un tiers d’actions (33,4 %), près d’un quart d’obligations du secteur financier (22,7 %), constituées probablement au moins pour moitié de produits structurés, 6,5 % d’emprunts d’Etat, 5,1 % d’obligations privées du secteur non financier (SNF) et 5,7 % d’immobilisations corporelles ou « autres », recouvrant notamment les placements en immobilier à travers des SCPI, OPCI ou autres SCI proposées en UC.