La création du prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %, officialisée dès la présentation du projet de loi de finance le 27 septembre 2017, ajoute une couche de complexité à la fiscalité de l’assurance vie. En effet, les versements précédant cette date restent rattachés au régime qui s’appliquait jusque-là, alors que les nouveaux versements rentrent dans le champ de la nouvelle fiscalité.
Comme son adjectif « unique » l’indique, le PFU remplace la double taxation de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux. En pratique, le PFU est ainsi constitué d’une part de prélèvements sociaux, à 17,2 % depuis 2018, et d’une taxe forfaitaire de 12,8 %, formant un prélèvement unique de 30 %.
Pour les contrats de moins de huit ans au moment du retrait, le régime est globalement simplifié. En effet, le nouveau taux de 30 % s’applique à tous les gains rattachés à des versements postérieurs à la réforme, sans différencier les contrats de moins de quatre ans et ceux de plus de quatre ans.
Pour les contrats de plus de huit ans, le régime est identique à ce qui existait précédemment dans la plupart des cas. En effet, sous réserve de ne pas avoir plus de 150 000 euros placés en assurance vie, le taux de 7,5 % demeure, ainsi que les abattements de 4 600euros par an pour un célibataire et 9 200 euros pour un couple.
En revanche, la situation se complique sur les contrats de plus de huit ans pour les plus riches épargnants. En effet, ceux qui disposent de plus de 150 000 euros en assurance vie au premier jour de l’année du retrait verront les gains sur leurs retraits taxés pour une part à 7,5 % et pour une autre part à 12,8 %. La base de 150 000 euros est à calculer en considérant tous les contrats de l’épargnant, mais concerne la valeur de ses contrats hors les plus-values. Par exemple, pour un épargnant disposant de 150 000 euros en assurance vie, dont 30 000 euros de plus-values, le fisc ne considérera que 130 000 euros.
Concrètement, pour les contrats de plus de huit ans, les revenus provenant des versements effectués avant la réforme restent exonérés de la nouvelle taxe unique de 30 %. Cette taxe vise les gains retirés issus de nouveaux versements par des contribuables ayant placé plus de 150 000 euros en assurance vie. Le seuil des 150 000 euros concerne bien le cumul des versements sur tous les contrats et à toutes les époques, avant ou depuis la réforme, et pas la valeur des contrats au moment des retraits.
En clair, si un célibataire a versé 149 000 euros en assurance vie et que cet argent a fructifié pour atteindre 170 000 euros, ses 21 000 euros de gains, placés après la réforme sur un contrat de plus de huit ans au moment du retrait, restent exonérés du PFU de 30 %, et le mécanisme des prélèvements sociaux classique s’applique. S’il place 10 000 euros de plus en assurance vie, ses versements atteindront 159 000 euros et une partie de ses gains subira le PFU de 30 %. Ce prélèvement se décompose en deux parties : les prélèvements sociaux de 17,2 % (prélevés au fil des ans sur le fonds en euros et lors du retrait sur les UC), et une part de 12,8 % correspondant au prélèvement forfaitaire à la place de l’impôt sur le revenu.
En pratique, la difficulté est de distinguer les gains correspondant aux versements effectués depuis la réforme et ceux correspondant aux capitaux placés avant le 27/09/2017. La règle de calcul du fisc est complexe.
Dans notre exemple, imaginons que le souscripteur fasse un retrait total, alors que les gains de son contrat atteignent 23 000 euros. On a vu que le total des versements était de 159 000 euros. Le fisc considèrera que la part des gains relevant de l’ancien régime correspond au prorata entre 150 000 euros et le total des versements. On aurait donc 23 000 X (150 000 / 159 000), soit 94,34 % des 23 000 euros de gains correspondant à des versement n’excédant pas le plafond et donc taxés au taux minimal de 7,5 %. A l’inverse, les 5,66 % des gains correspondant aux primes excédant le plafond seront soumis au nouveau régime.
Depuis le 27/09/2017, effectuer ses nouveaux versements en assurance vie sur de nouveaux contrats permet de mieux distinguer les gains soumis à l’ancien et au nouveau régime, et d’éviter ainsi les risques de confusion dans ces calculs.
Le prélèvement forfaitaire libératoire (PFL) de 7,5 % et le prélèvement forfaitaire unique (PFU) sont des choix à faire pour que les gains ne soient pas directement taxés à l’impôt sur le revenu. Le choix pour le PFL se fait auprès de l’assureur lors des retraits, tandis que le PFU est une option à remplir sur la déclaration de revenus l’année suivant le retrait.
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