Luxe en Bourse, stop ou encore ?

Le secteur du luxe avait connu une euphorie économique et boursière ces dernières années, avant d’affronter des vents contraires. LVMH, le leader mondial du secteur, a battu un premier record à plus de 900 € par action en avril 2023, soit un triplement de sa valeur en quatre ans. Mais après un nouveau pic en mars 2024, le groupe Louis Vuitton Moët Hennessy a vu son action redescendre d’environ 30 % fin 2024.

Quant à Kering, le groupe de luxe bâti par François Pinault autour de ses marques Gucci et Yves Saint Laurent, il a aussi connu des montagnes russes. Sa valeur avait pratiquement doublé entre fin 2018 et son record de l’été 2021, proche de 800 € par action. Mais elle a reperdu plus de 70 % depuis, redescendant autour de 240 € fin 2024. Même L’Oréal, leader mondial des cosmétiques proposant des produits de luxe, a vu son action redescendre de 25 % fin 2024, par rapport à son sommet de 458 € par action atteint au printemps 2024.

Aux États-Unis, l’action du leader américain des cosmétiques Estée Lauder avait triplé de valeur en trois ans, à plus de 370 $ fin 2021. Elle a reperdu depuis 80 % de sa valeur. Au Royaume-Uni, l’action du leader du luxe britannique Burberry avait aussi doublé en trois ans, à plus de 26 £ fin avril 2023, avant de reperdre 80 % au creux de septembre 2024.

Seuls deux géants du luxe ont échappé à la morosité boursière du secteur. Hermès, second champion français parmi les géants mondiaux du luxe, a tiré son épingle du jeu. Après un repli de 22 % au creux de septembre, l’action Hermès finissait l’année 2024 proche de son record absolu atteint le 21 mars 2024, à 2 436 € par action.

C’est aussi le cas de la Cie Financière Richemont, groupe suisse possédant notamment les bijoutiers-horlogers Cartier, Piaget, Van Cleef, et les marques de mode et maroquinerie Chloé ou Delvaux. Après une hausse de 19 % en 2024, l’action Richemont a gagné 30 % de plus en janvier 2025.

Le luxe reste très profitable, malgré une croissance en berne

Après l’euphorie post-Covid de 2021, l’économie mondiale est secouée depuis 2022 par de nombreuses menaces sur la consommation de produits de luxe. « Plusieurs des moteurs de croissance du secteur sont au point mort. Les vents contraires macroéconomiques, en particulier sur le marché clé de la Chine, pèsent lourdement sur le secteur », précisent les auteurs du rapport « The State of Fashion : Luxury », publié par The Business of Fashion et McKinsey & Company.

Un vrai choc, comparé à la folle croissance des années précédentes. En effet, de 2019 à 2023, le secteur du luxe avait vu ses ventes grimper de 5 % par an, en moyenne, plus vite que la croissance économique du PIB de seulement 3 % par an sur cette période. Et les profits grimpaient encore plus vite, car « les augmentations de prix ont représenté plus de 80 % de la croissance au cours de cette période, tandis que les augmentations de volume étaient plus modérées », ajoute le rapport.

En résumé, le secteur du luxe s’est dégonflé en Bourse parce que la progression de ses ventes a ralenti. Et les champions du luxe peinent à maintenir leurs marges au niveau record des dernières années. Mais malgré cette « crise de croissance », le secteur du luxe reste très profitable. Si les leaders du secteur ont vu leurs bénéfices redescendre, leurs ventes augmentent encore et aucun n’est en perte.

Un secteur aux perspectives solides

Pour l’avenir, le luxe reste un secteur en bonne santé financière malgré un environnement économique plus incertain. Ce n’est pas la première fois que le secteur du luxe traverse une période moins faste. Sa croissance avait aussi ralenti dans les années 2015-2019, à 3 % par an selon McKinsey.

En Bourse, l’indice mondial du secteur S&P Global Luxury s’était légèrement effrité en 2016 et 2017, ne renouant avec la hausse qu’à partir d’avril 2020. L’action LVMH avait aussi fait quasiment du surplace pendant cinq ans et demi, entre son pic de décembre 2010 et son creux de l’été 2016. Sur longue période, le secteur du luxe a néanmoins connu des performances économiques et boursières solides.

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Le luxe n’est pas un secteur économique en soi, car il recouvre un sous-ensemble de produits de consommation « haut de gamme » (à fortes marges) dans des secteurs aussi variés que la mode, maroquinerie et accessoires (Hermès, Louis Vuitton, Gucci…), la bijouterie-horlogerie (Piaget, Cartier…), l’alcool (Moët Hennessy, Pernod-Ricard), les cosmétiques et produits de beauté (L’Oréal, Sephora, Guerlain…) ou même l’automobile (Ferrari, Mercedes, Tesla selon certains critères…).

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Avec ses champions hexagonaux, la France est le pays où le luxe a le plus d’influence en Bourse. En effet, les 3 leaders français du luxe (LVMH, Hermès, L’Oréal) pèsent à eux seuls plus de 30% dans la composition de l’indice CAC 40.

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