Face au vieillissement de la population française et à l’allongement de l’espérance de vie, le classique régime de retraite par répartition est mis à rude épreuve. Se constituer le plus tôt possible un complément de revenus devient essentiel.
Pourquoi faut-il préparer sa retraite le plus tôt possible ?
On dispose en France d’un système de retraite performant ayant permis une amélioration constante des conditions de vie des retraités depuis sa mise en place, avec la création de la Sécurité sociale en 1945 et des régimes complémentaires Agirc en 1947 et Arrco en 1961. Alors que le niveau de vie des retraités était encore inférieur d’environ 30 % à celui de l’ensemble de la population dans les années 1970, il l’a rattrapé depuis le milieu des années 1990, selon le Conseil d’Orientation des Retraites (COR).
Notre système fondé sur la répartition des cotisations prélevées sur les revenus (charges salariales, CSG, etc.) pour payer les pensions des retraités, est cependant fragilisé par le vieillissement de la population. Alors qu’on comptait encore plus de 4 personnes en âge de cotiser (20-64 ans) pour chaque retraité (de 65 ans et plus) en 1990, ce ratio est tombé à seulement 2,6 l’an dernier. Et la durée de vie s’allonge. En à peine 25 ans, les personnes ayant atteint 60 ans ont gagné en moyenne plus de trois ans d’espérance de vie, à 87,8 ans pour les femmes (contre 84,9 ans en 1995) et 83,4 ans pour les hommes (contre 79,7 en 1995).
Pour faire face à ces défis, les conditions d’acquisition des droits à la retraite se sont durcies au fil des décennies, et devraient se durcir encore avec les réformes annoncées depuis 2017.
Résultat : 72 % des Français pensent que leur retraite n’est ou ne sera pas suffisante pour vivre correctement, selon un sondage réalisé l’an dernier par le Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (Cecop) pour le Cercle de l’Epargne.
De grosses disparités de pensions selon le statut professionnel
Retraite moyenne en € par mois selon les régimes(1) | Moyenne | Femmes | Hommes |
Salariés du privé | 1 390 € | 990 € | 1 920 € |
Fonctionnaires civils de l’Etat | 2 250 € | 2 070 € | 2 090 € |
Fonction publique territoriale (CNRACL) | 1 610 € | 1 520 € | 1 810 € |
Indépendants et commerçants (RSI-SSI) | 1 190 € | 790 € | 1 330 € |
Agriculteurs (MSA) | 790 € | 650 € | 960 € |
Professions libérales | 2 400 € | 1 730 € | 2 730 € |
Moyenne générale | 1 500 € | 1 140 € | 1 920 € |
(1) Ordres de grandeur. Pour les retraités ayant eu plusieurs statuts, le régime indiqué correspond à celui représentant plus de la moitié de la carrière.
Sources : DREES, EACR, EIR, Rapport annuel 2021 du COR p.144
L’allongement des durées de cotisation et le report de l’âge minimum de départ en retraite à 62 ans, ou encore la réduction du « rendement » des « points de retraite » Agirc-Arrco, c’est-à-dire la hausse du coût d’achat des points de retraite par rapport aux pensions promises, font partie des mesures impopulaires mais nécessaires pour maintenir ou rétablir l’équilibre des régimes par répartition.
Malheureusement, l’effort collectif se traduit concrètement par une baisse du taux de remplacement procuré par les pensions des régimes obligatoires, par rapport aux derniers revenus d’activité des futurs retraités.
En moyenne, le taux de remplacement procuré par les pensions représente environ 75 % du dernier salaire pour les salariés non cadres, selon le COR, soit une perte de ressources d’environ un quart de leurs revenus lors de leur départ en retraite. Mais la chute peut être plus sévère. Elle peut atteindre près de 50 % pour les salariés cadres du privé et 45 % pour les fonctionnaires qui bénéficiaient de salaires confortables.
Nos régimes de retraite privilégient en effet le maintient d’un revenu décent en valeur absolue, mais ne garantissent pas un taux de remplacement aussi généreux pour les plus aisés, considérant qu’ils pouvaient davantage épargner pour se constituer un patrimoine, par exemple en achetant leur logement. Et plus vous êtes jeune, moins le taux de remplacement procuré par vos pensions des régimes obligatoires aura tendance à être élevé, par rapport à des personnes plus âgées ayant eu des revenus comparables au cours de leur carrière.
Une perte de revenus proche des 50 % pour un cadre né en 1980
Cadres salariés du secteur privé | Né en 1960 (retraite en 2022) |
Né en 1970 (retraite en 2032) |
Né en 1980 (retraite en 2042) |
Retraite de base (CNAV) |
22% | 22% | 22% |
Retraite complémentaire Agirc-Arrco |
35% | 31% | 30% |
Taux global de remplacement | 57% | 53% | 51% |
Perte de revenus | 43% | 47% | 49% |
Source : Conseil d’Orientation des Retraites, rapport 2021.
Mieux vaut donc anticiper en se constituant un capital pour faire face à la perte de revenus attendue. Le plus tôt possible étant évidemment la meilleure option. Non seulement cela permet de lisser dans le temps l’effort d’épargne nécessaire pour atteindre l’objectif fixé, mais surtout cela permet de profiter de l’effet multiplicateur de la capitalisation. En effet, en épargnant chaque mois la même somme à un rendement constant, vous obtenez au bout de 20 ans bien plus du double de ce que vous auriez obtenu au bout de 10 ans. Autrement dit : le temps travaille pour vous.